Département de Communication de Markets & Listing

Biothérapies et Bioproduction Thérapies Innovantes. Réponse à la Consultation Publique dans le cadre de l’Appel à Manifestation d’Intérêt.

MARKETS & LISTING est un bureau d’études ; un cabinet de conseil et d’accompagnement pour des entreprises qui développent des technologies innovantes dans le secteur des sciences de la vie et de la santé. Les associés et collaborateurs de MARKETS & LISTING ont, pour la plupart d’entre eux, une longue trajectoire professionnelle en France et ont suivi, avec leur histoire, les développements vertueux et les aléas qui ont eu lieu dans le pays depuis plus de 20 ans maintenant en relation au soutien de l’innovation et à la mise en place d’instruments pour la promouvoir, la soutenir et la financer.

Si bien que MARKETS & LISTING n’est pas une société technologique en soi, les nombreux clients présents et passés aussi bien de la société que de ses associés au cours de leurs parcours professionnels le sont. Nous connaissons donc bien les obstacles, les barrières et les limitations rencontrées par les projets innovants. Nous souhaitons apporter ici notre humble contribution à cette réflexion collective.

En ce qui concerne les sujets d’intérêt, les contenus et la structuration des programmes à promouvoir, nous pensons qu’un accent particulier devrait être mis sur les sujets suivants :

Le développement de biothérapies innovantes pour des maladies qui affectent un grand nombre de patients.

Lors des dernières décennies une sensibilité importante s’est heureusement installée et développée pour des maladies dites rares ou peu fréquentes ; suivie par la mise en place d’instruments dédiés ainsi que par des voies réglementaires adaptées. Des réponses longuement attendues et de mobilisations longuement nécessaires ont eu lieu ; grâce à l’effort d’un nombre infini d’acteurs à tous les niveaux. Cependant, il ne faut ni oublier ni négliger l’impact, mesuré aussi bien en termes de souffrance humaine, de déconstruction sociale, que de ressources économiques, que les maladies fréquentes ou ‘massives’ ont sur nos vies et nos sociétés ; maladies dont aussi bien notre compréhension que les thérapies disponibles sont encore et toujours insuffisantes. Telles que :

Le cancer, probablement en première ligne.

Par le développement de nouvelles stratégies innovantes et transversales, telles que l’immunothérapie contre le cancer. Le système immunitaire est précis, parmi les plus sophistiqués des systèmes biologiques connus. Il devrait lui être possible de cibler exclusivement les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines. Il peut s'adapter de manière continue et dynamique, tout comme le cancer ; donc si une tumeur parvient à échapper à la détection, le système immunitaire pourrait réévaluer et lancer une nouvelle attaque. La "mémoire" du système immunitaire lui permet de se souvenir à quoi ressemblent les cellules cancéreuses, ce qui lui permettrait de cibler et d'éliminer le cancer s'il réapparaissait. Bien qu'on ne maîtrise pas encore toutes les capacités et la potentialité de l’immunothérapie du cancer, elle contribue déjà à prolonger et à sauver la vie de nombreux patients atteints de cancer. L'immunothérapie du cancer a le potentiel de devenir plus précise, plus personnalisée et plus efficace que les traitements actuels du cancer. Les virus modifiés (des agents naturels et hautement efficaces capables d’infecter et de cibler plus ou moins spécifiquement des tissus de l’hôte). Plus particulièrement, il y a en France des compétences et des technologies telles que celles des virus oncolytiques armés avec des effecteurs sur le système immunitaire, grandes potentialités dans le cadre de l’immunothérapie du cancer ou les CAR-T. 

Les maladies infectieuses, dont, à titre d’exemples :

- Le SIDA, qui est emblématique depuis une trentaine d’années maintenant ; 
- Les infections nosocomiales ou les affections respiratoires chroniques ou autres infections résistantes aux antibiotiques ;
- Les pandémies comme celle qui nous attaque massivement depuis un an, et dont le contrôle nous échappe toujours (faute de solutions thérapeutiques bien entendu, mais aussi faute des mécanismes de soutien et de promotion de l’innovation ; les existants n’ayant pas réussi à mettre en avant un seul candidat à médicament innovant sur le territoire) ;  
- Et pourquoi pas, même si avec un impact plus lointain, les maladies infectieuses et parasitaires endémiques qui font des ravages dans les pays les plus pauvres et qui manquent aussi de thérapies efficaces qui leur fassent face.
Pour les maladies infectieuses, et plus spécifiquement, le développement de nouvelles stratégies innovantes et transversales, indépendantes de l’utilisation des antibiotiques, au-delà du concept de ‘antibiotique’.

Les maladies neurodégénératives ou du système nerveux central, qui deviennent de plus en plus fréquentes de la main de l’extension de la durée de vie des populations.

Dans ce domaine est essentiel le développement de nouvelles stratégies innovantes et transversales destinées à déverrouiller d’une part la barrière hémato-encéphalique (Brain Blood Barrier, BBB) et d’autre part les systèmes de délivrance de biomédicaments (Drug Delivery System, DDS)

Le soutien de projets innovants, voire très innovants (aujourd’hui dits Deeptech).

De toute évidence, ce qui est fait ne suffit pas, quel que soit le nom que l’on utilise (DeepTech, Grand défi ou autre) pour décrire les différentes lignes de financement existantes et en jeu. Ce n’est pas par l’excès de prudence ou par l’aversion à la prise de risque, ni par la voie des idées préconçues, ni par la peur face à l’échec éventuel que la véritable innovation trouvera son chemin pour devenir une source de qualité de vie et de richesse pour la France.

Des approches transversales, des propositions de véritables collaborations dans l’interface entre disciplines diverses, et la création d’écosystèmes entiers.
La composition de consortiums porteurs de programmes innovants.

Des associations d’un ensemble d’équipes académiques et de petites entreprises ; cherchant à aller plus loin qu’un petit nombre de parties du type quota classique (deux équipes académiques et une entreprise… ou similaire). Il faudrait aller plus loin et brasser plus large, en allant chercher ceux qui maîtrisent (ou qui de par leur expertise pourraient véritablement développer) chacune des briques technologiques ou secteurs d’expertise qui résultent nécessaires. L’innovation qui pourrait apporter des solutions à des verrous intriqués, surtout pour des défis et problématiques aussi complexes que les maladies mentionnées ci-dessus, vont difficilement venir d’un seul secteur d’expertise ou du déblocage d’une brique isolée. Il faudrait promouvoir la mise au travail collaborative à partir d’étapes très en amont des projets innovants. Les expertises au sein des consortiums devraient être diverses et complémentaires, (médecins, biologistes, bio-informaticiens, …).
Il est essentiel de ne pas confondre « en amont » (quand l’expression est appliquée à des développements novateurs de technologies complexes) avec l’expression « stade recherche ». Un « développement » est toujours un développement (il est directionnel) et se différencie des considérations qui concernent le « stade recherche » (qui ne l’est pas).

En ce qui concerne les procédures, les mécanismes, les évaluations et les choix, nous pensons qu’un accent particulier devrait être mis sur les sujets suivants :

La composition des comités, des jurys ou corps équivalents.

La présence d’académiques et de représentants de grandes entreprises biopharma dans ces comités est très bien, voire souhaitable ; mais l’absence d’entrepreneurs, de représentants de sociétés biotechs (de taille petite et moyenne) prive d’une richesse propre à leur métier : le sens de l’innovation, de la prise de risque, de la mise en place et de la conduction d’opérations complexes, osées. Sans eux, on se prive d’une perspective nécessaire pour aller dans le sens d’une véritable innovation.

Une grande priorité devrait être accordée aux sociétés biotech de taille petite et moyenne.

Seules ces sociétés ont la flexibilité et l’indépendance requises pour traverser les eaux incertaines de l’innovation Deeptech. Les grandes structures, soient-elles privées ou publiques, et quelque soit leur prestige ou renom gagnés par le passé, auront certainement (i) moins de flexibilité, d’indépendance politico-administrative, et significativement plus d’inertie pour adapter leur activité, leurs équipes, leur structure à la vitesse souhaitée, en somme, pour se transformer et avancer rapidement ; ainsi que (ii) plus d’aversion pour le risque qui est naturellement lié à toute innovation de rupture. L’incapacité de la part d’un nombre de grandes structures existantes, aussi prestigieuses soient-elles à répondre aux besoins associés à la pandémie actuelle met en évidence des difficultés associées à la capacité de ces structures d’être (i) innovantes dans le développement de nouvelles technologies à la fois que performantes au niveau commercial (s’il s’agit de grandes structures pharmas) ou (ii) innovantes dans le développement de nouvelles technologies à la fois que performantes au niveau de recherche plutôt fondamentale (s’il s’agit de grands instituts de recherche). Il s’agit autant de ne pas flécher les attentes ni de préférer les ‘grandes maisons ou de grands noms’, mais bien d’aller provoquer ou chercher l’innovation là où elle a lieu, ou l’attention et la disposition mentales et opérationnelles favorisent son apparition ; par exemple chez des petits laboratoires de recherche ou des petites entreprises engagées, dynamiques et créatives.

Le développement des processus de bioproduction doit aller de la main avec le développement des produits candidats.

La production de biomédicaments intègre des processus complexes du point de vue biotechnologique, qui nécessitent d’être développés et optimisés proprement, en plus de devoir répondre à des contraintes réglementaires strictes. La production de biomédicaments innovants est un ‘objet technologique’ qui est, lui aussi, innovant ; et ce en proportion directe avec le degré d’innovation du produit concerné. Les processus de bioproduction ne peuvent rester figés à ce qui existe, ce qui a été établi au préalable par l’industrie. Pour cette raison, le développement de biomédicaments innovants et le développement des procédés de production vont de la main et doivent se faire « en parallèle » (et non pas « en série »). Attendre que le biomédicament innovant (surtout s’il provient d’une technologie véritablement innovante) ait fait ses preuves avant d’engager des ressources pour le développement de la bioproduction du dit candidat produit est insensé en termes d’optimisation de ressources, de gestion du risque et de sensibilité à la compétitivité. Si l’objectif est véritablement de promouvoir et soutenir l’innovation, les investissements sur les nouvelles technologies de bioproduction sont essentiels, indépendamment du stade de développement des technologies sous-jacentes aux produits candidats eux-mêmes.

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